Le cauchemar des feux d’été virulents commence à hanter les esprits dans la région du Nord-Ouest où trois incendies, dont l’un de grande ampleur, se sont déclarés le semaine écoulée dans le gouvernorat du Kef, ravageant près de 80 ha de pin d’Alep résineux et d’arbustes typiques de la flore locale, ce qui a suscité un sentiment de frustration chez la population et provoqué l’inquiétude des services forestiers de la région.
En effet trois feux se sont déclarés au milieu de la semaine écoulée dans la zone forestière de Jbel Ouergha, notamment dans la forêt de Takrouna, dans la délégation de Sakiet Sidi Youssef où le feu a détruit 77 ha de pin d’Alep résineux, et de plantes typiques de la flore végétale locale, comme le romarin et le thym; deux plantes qui font le bonheur de nombreux citoyens qui les cueillent souvent pour les commercialiser dans les marchés de la région.
Les dégâts auraient été certainement plus conséquents n’eussent été la bravoure et le dévouement des services forestiers qui se sont mobilisés en masse pour circonscrire en temps opportun le sinistre et surtout en réussissant à préserver plus de 40 mille mètres cubes de bois de coupe destinés à la vente .
Des causes inexpliquées
Un important arsenal de véhicules lourds tous terrains a été mobilisé et a permis, selon le chef de division des forêts du Kef Amor Ferchichi, de maîtriser le feu en moins de trois jours alors que d’habitude le feu durait plusieurs semaines dans ces contrées où la nature est capricieuse, avec des reliefs escarpés qui rendent toute intervention humaine dans ces hauts lieux très difficile.
Les deux autres feux ont été enregistrés l’un à Jbel El Koucha près de Sakiet et l’autre à Jbel Bourbih près de Touireuf aux confins de la frontière tuniso-algérienne mais ils n’ont détruit que trois ha ensemble et ce grâce à l’intervention rapide des services pompiers et des forêts qui ont été transférés depuis deux semaines dans les zones forestières sensibles afin de conférer davantage de célérité aux interventions sur terrain, ce qui a permis d’éviter le pire lors des deux derniers incendies.
Cela dit, l’on ignore toujours les causes exactes à l’origine de ces incendies d’autant plus que la canicule des derniers jours aurait contribué à ces départs de feu favorisant du moins leur extension rapide , d’autant plus que la végétation luxuriante de ces forêts est facilement inflammable.
Certes, les feux ont été maîtrisés mais l’œil est toujours braqué sur les forêts de la région où les rondes et la surveillance ont été accrues partout dans les deux délégations de Sakiet et de Touiref où se concentrent l’essentiel des 120.000 ha de forêts de la région du Kef, lesquelles sont désormais sous étroite surveillance. Idem dans le gouvernorat de Jendouba où le commissariat régional au développement agricole s’est, à son tour, mobilisé pour préserver la prestigieuse forêt de la Kroumirie qui représente l’un des plus grands poumons de la Tunisie tant la nature y est luxuriante et le décor somptueux, avec des écrins de verdure à couper le souffle au visiteur.
Cela étant, les départs de feu et les incendies enregistrés cet été dans les forêts du Nord-ouest sont moins virulents en comparaison avec ceux enregistrés l’été 2018 dans cette région où l’homme paraît dans certains endroits surajouté à la nature tellement celle-ci est prodigieuse avec toutes ses magnificences à même de nourrir toutes les curiosités chez les amateurs de verdure et de villégiature dans ces hauts lieux de la Tunisie continentale où paradoxalement la misère est toujours de mise.
Jamel Taïbi